Hotel de Paris Sanremo
QUAND TRADITION ET CULTURE SE MELENT A’ L'HISTOIRE DE L'HOTEL DE PARIS SANREMO
C'est en 1897 que l'hôtel de Paris a vu le jour à San Remo, ou plutôt l'Hôtel de Paris, comme on peut le voir sur l'ancien panneau, apparaissant sur les photos anciennes jaunies par le temps: il fut immédiatement l'un des hôtels les plus prestigieux de Sanremo, témoin emblématique de la Belle Epoque lorsque le tourisme européen sur la Côte d'Azur battait son plein, entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Construit en 1897, l'Hôtel de Paris a été la première oeuvre du constructeur Pietro Agosti, personnage charismatique et acteur incontournable du renouveau architectural de Sanremo et de son histoire à cette époque. La structure de l'hôtel de Paris était sobre et linéaire. Elle dévoilait déjà le style, le goût et l’immense talent de l'architecte Agosti. L'hôtel est né comme un grand restaurant quatre étoiles, un bâtiment d’une noble grandeur dans le plus pur style Art Nouveau et qui, en raison de son emplacement et de sa beauté, est devenu un lieu fréquenté par la clientèle italienne privilégiée et - surtout – étrangère, qui séjournait à San Remo depuis quelques années déjà. L'Hôtel de Paris bordait la plage et la mer. Il donnait directement sur le “Corso Imperatrice”, un ravissant jardin public orné de palmiers et de fleurs.

En 1904, Pietro Agosti supervise l'agrandissement de la partie droite du rez-de-chaussée, en laissant une plus grande place à la salle de restaurant, en forte demande, signe du succès grandissant de l’établissement. Pour faire un petit pas en avant dans l'histoire de l’évolution structurelle de l’hôtel, nous sommes en 1936 lorsque le doublement de la voie du “Corso Imperatrice” a contraint à une restructuration. De fait, la partie extérieure du restaurant a été réduite ainsi que l'escalier d'accès d'origine, qui a mené à la création de l’escalier transversal, toujours présent.
La longue histoire de l'hôtel, intimement liée à celle de la ville, nous laisse rêveurs sur les histoires et légendes que peuvent contenir ses murs. Rares sont les lieux qui suscitent autant d’émotions, à l’image de ce grand et majestuex hôtel historique, qui voit se croiser des milliers d’âmes chaque année.
M. Fernando Marro, propriétaire de l'Hôtel de Paris dans les années 1950, a conservé dans ses archives un élément curieux. En effectuant quelques travaux de rénovation, il a découvert des feuilles de journaux emmurées dans un trou à l'intérieur d'une cloison. Le journal le plus ancient a le même âge que l'Hôtel de Paris. Il s’agit d’une copie originale datée du 7 novembre 1897. On a coutume de dire qu’un maçon aurait voulu laisser un message, en marquant le present d’une pierre blanche, avec un acte symbolique: nous sommes ici aujourd’hui, ceci est mon journal, ceci est l'Hôtel de Paris qui a vu le jour aujourd'hui et construit de nos propres mains.

La deuxième copie retient davantage notre attention, car c'est comme déplacer la manivelle de la machine à remonter le temps. Nous sommes le 24 juin 1918. Il s’agit du “Corriere della Sera”. Vingt-et-un ans seulement se sont écoulés depuis le premier journal, mais entre-temps, la Première guerre mondiale a été déclarée, entraînant des destructions et des millions de morts dans toute l'Europe. La Une est sans équivoque : "Depuis le Commandement Suprême: Du Montello à la mer, l'ennemi, vaincu et pourchassé par nos vaillantes troupes, regagne ses pénates. Diaz”
Sans doute s’agissait-il de la même personne qui, il y a 21 ans, a placé ces premières feuilles de journal dans cette cachette. Il aurait dissimulé également cette copie du “Corriere della Sera”, lorsqu’il aurait effectué des travaux ultérieurs, en refermant ces pages riches d’Histoire derrière un mur.
A San Remo, avant les Première et Seconde guerres mondiales, les personnalités et la classe privilégiée issues de ces pays qui allaient se livrer une guerre sans merci se retrouvaient dans les salons du casino et sur les longues promenades, en nouant des amitiés et festoyant lors de banquets.
Durant cette époque, la communication demeurait essentielle: dans une ville désormais riche de ces nombreux hotels de grand standing, il était essentiel d’en faire la promotion et la publicité. Les brochures étaient très détaillées et traduites dans de plus en plus de langues, même quand, durant la période fasciste, le nom de l’hôtel a été “italianisé”en “hotel parigi” tout d’abord et en “hotel del corso” par la suite.
En 1913, l'Hôtel de Paris apparaissait avec sa propre publicité dans un guide très important et très populaire, le Guide Riviera. Annuaire Complet publié sous la direction de Giacomo Gandolfi, Sanremo, Corso Umbert I.

Nous redémarrons la machine à remonter le temps et faisons un bond en avant d'une quinzaine d'années, au cours desquelles San Remo a consolidé sa réputation de perle du tourisme d'élite, en Italie et en Europe. Si l’on évoque à nouveau les revues, c'est avec une émotion non feinte que nous lisons des copies originales de “San Remo au Pays du Soleil” avec comme sous-titre “Liste Générale Officielle des Etrangers”. Nous sommes dans l’entre-deux-guerres (1930), encore éloignés du nouveau bouleversement mondial qui cette fois, aura un impact sur San Remo, bombardée plusieurs fois durant la Seconde Guerre mondiale, dénombrant victimes civiles et de graves dommages dans le domaine matériel et architectural. La liste des clients étrangers et italiens était extraordinaire. Elle confirme bien cette ambiance cosmopolite d’antan.
Les années ont passé. La Seconde Guerre mondiale approche et nous vivons dans ces “limbes”, en essayant de revivre des instants de joie, en toute insoucianceil y a une sorte de limbe, essayant de revivre les événements et insouciant malgré la présence de conflits européens importants. Le 25 juillet 1937, un client de l'hôtel penché à son balcon aurait pu assister au premier Grand Prix de Sanremo.
Après la Seconde Guerre mondiale, l'Hôtel de Paris était encore un hôtel de première classe. Pendant ce temps, le tourisme des années 1950 et 1960 évoluait et présentait de nombreuses différences avec cette époque très particulière à San Remo, destination phare pour le tourisme international durant une période où très peu de gens voyageaient pour le plaisir. Pour répondre à de nouveaux besoins, la ville a donné naissance à de nouveaux loisirs attractifs, comme le Festival de San Remo, qui a diffusé le nom de la “ville des fleurs” à travers le monde, en exportant d’autres émotions et d’autres sentiments, destinés à un public de plus en plus large.
L'Hôtel de Paris a accueilli de nombreuses personnalités qui ont laissé leur marque indélébile dans le «Livre des signatures». La liste des clients célèbres est vraiment intéressante. A noter: S: A: R: Ferdinand de Savoie et la duchesse de Gênes, puis l' honorable Sandro Pertini, le prince Pietro Bruno de Belmonte, le prince Odescalchi et le commissaire Giorgio Pirelli. L'emplacement de l’Hôtel de Paris et le panorama qu’il dévoilait (encore aujourd’hui!) en a fait un cadre idéal pour les écrivains, comme Bonaventura Tecchi qui indiquait qu’il avait beaucoup écrit depuis sa chambre donnant sur la mer.
Evidemment, il paraît difficile de résumer en quelques lignes cent ans d'histoire d'un édifice comme l'Hôtel de Paris, en l’évoquant à travers une succession d'images et de pensées chargées d'émotions. La merveilleuse aura que Pietro Agosti a insufflé au bâtiment, celle d'un splendide lieu de villégiature pour séjourner dans l'un des plus beaux endroits du monde, reste indélébile.
